Chez Georges, nous sommes hyper fortes au minigolf ! Alors, quand Lisa nous a proposé cette histoire qui se passe DANS un minigolf, on n’a pas hésité une seule seconde ! Voici l’interview de Lisa pour en savoir un peu plus…
Pourquoi le minigolf ?
Ce loisir familial m’évoque des souvenirs d’été, de camping et de vacances. J’aime les enjeux narratifs qu’amène le golf miniature : les parties interminables, la compétition, les tricheries. L’univers graphique de ces décors artificiels et fantaisistes m’inspire…
Pourquoi un livre-jeu dont tu es le héros ou l’héroïne ?
Au départ, j’avais l’idée de faire une narration « traditionnelle » et linéaire. Mais quand j’ai commencé à faire le tri dans mes premiers crayonnés, j’ai trouvé passionnant de changer l’ordre des péripéties…
C’est comme ça que l’idée du livre-jeu est née. J’ai tout de suite été emballée car cela me permettait de développer toutes mes idées d’aventures. Je trouvais également le parallèle entre les différents parcours de minigolf et les multiples possibilités de scénarios très amusant.
Comment et pourquoi détournes-tu les codes de ce type de livre ?
Quand j’étais enfant, j’adorais les livres-jeux qui me permettaient d’incarner un pirate ou un chevalier. Je trouvais ça rigolo de décaler le genre et que le lecteur ou la lectrice devienne une simple balle de golf. À l’échelle d’un tout petit personnage, le livre met à l’honneur les aventures de la vie quotidienne : échouer, recommencer, se faire des amis… J’ai aussi décidé d’éviter les accords de genre pour que chaque enfant puisse s’identifier au personnage.
Pourquoi avoir choisi une balle comme personnage principal ?
Donner vie à un objet m’a beaucoup intéressée en terme de contrainte scénaristique : elle ne sait pas nager, n’a pas de bras pour attraper des choses, etc. Il a fallu trouver beaucoup d’astuces pour que le récit fonctionne. Ce sont toutes les expressions de la balle qui donnent vie à ce personnage, j’ai trouvé le clin d’œil aux emojis assez amusant et je m’en suis parfois inspirée pour trouver des idées… J’aime ce personnage qui nous ressemble. Elle est la seule à être restée sur la ligne de départ et elle se lance dans l’aventure malgré ses appréhensions, poussée par la simple curiosité de voir ce qui va lui arriver.
Comment as-tu travaillé l’écriture, construit la narration et l’enchaînement des péripéties ?
J’ai commencé par dessiner le plan du minigolf vu du ciel. Puis j’ai imaginé toutes les aventures qui pourraient se passer à l’intérieur de cette « arène ». J’ai posé les bases de mon histoire, les personnages, la faune du minigolf, les relations entre les balles et les humains, etc. J’avais une quarantaine d’aventures dessinées au crayon et il fallait trouver dans quel ordre elles s’enchaîneraient dans le livre. Pour construire l’arborescence de l’histoire, j’ai photocopié toutes les pages en petit. Je les ai ensuite positionnées les unes par rapport aux autres en les punaisant sur un grand format et j’ai testé la circulation dans le livre en faisant des petites maquettes. Enfin, pour la version finale du livre, j’ai travaillé à l’échelle, au feutre noir. À force de dessiner des balles, je suis devenue une vraie pro pour tracer des ronds à main levée.
Pourquoi 3 couleurs pantones® ?
Quand je démarre un projet, je commence toujours en faisant une gamme de couleurs qui exprime son univers, qui pose son ambiance… Ici, j’ai choisi une palette qui m’évoque l’univers artificiel du minigolf. Cette petite gamme de couleurs, vive et ludique, évoque pour moi le sport et les jeux.
L’humour est très présent dans tes créations et tes livres. Où trouves-tu tes sources d’inspiration ?
Dans la vie courante, je fais beaucoup de blagues et j’adore raconter des histoires. Quand j’ai commencé le projet, le sujet décalé du livre me paraissait humoristique en soi mais je n’avais pas spécialement prévu de le développer dans la narration. Il s’est imposé tout seul au fil des pages…
Quelle a été la plus grande difficulté ?
Et le plus grand plaisir ?
Je pense que faire l’arborescence de l’histoire a été la partie qui m’a donné le plus de fil à retordre. Mon plus grand plaisir a été ma première lecture avec des enfants ! Quand j’ai fini le storyboard, j’ai fait une intervention dans une classe de CM1 et j’ai pu expérimenter le livre en les faisant voter à main levée pour prendre les décisions. Je me suis rendu compte que ça leur plaisait beaucoup, ils étaient vraiment enthousiastes et j’ai trouvé que c’était un moment de partage très fort.
Propos recueillis par Anne Bensoussan.